Si j’ai appelé ce chapitre «Nos incohérences» c’est que j’aimerais montrer, avant de parler de ce qui positif, que bien souvent, nous parlons de sujets que nous ne connaissons pas, sur lesquelles nous n'avons même pas réfléchi, mais que nous défendons bec et ongles comme si notre vie en dépendait. Nous employons aussi des mots sans jamais avoir médité sur leurs sens véritables.

Voici une citation bien connue de Socrate que nous devrions méditer plus souvent:
"En effet, il se peut que ni l’un ni l’autre de nous ne sache rien de bon ; seulement, lui croit qu’il sait, bien qu’il ne sache pas ; tandis que moi, si je ne sais rien, je sais ne rien savoir. Il me semble, en somme que je suis tant soit peu plus savant que lui, en ceci du moins que je ne crois pas savoir ce que je ne sais pas".

Si nous voulons avancer et faire avancer avec nous ceux qui nous sont liés, nous devons comme Socrate, prendre conscience que nous n’avons qu’une vue très limitée de la vie et de ses manifestations. Ils nous faut prendre conscience en toute humilité que notre connaissance est quasi nulle et que nous portons des jugements sur tout et sur tous, sans avoir les critères, la connaissance et l’amour nécessaire à une vision juste.

Je ne citerais ici que quelques incohérences qui tout au long de ma vie m’ont étonnées et bien souvent révoltées. Incohérences qui sont sous nos yeux mais qui pour la plupart d’entre nous restent invisibles. Invisibles parce que dans cette obscurité que nous ne voulons pas éclairer de peur d’affronter nos démons intérieurs. Cette obscurité limite notre vie, nous tient en esclavage et entrave notre droit au bonheur.

- Lorsque j’avais 20 ans, un de mes amis s’est marié. Le prêtre qui officiait à fait un sermon sur l’amour qui m’a marqué. Il disait qu’en France nous n’avons qu’un verbe, le verbe aimer, pour parler d’amour. Hors, nous pouvons dire, j’aime un camembert, j’aime mon chien, j’aime mes amis, j’aime ma femme et mes enfants, j’aime la nature, j’aime Dieu... Mais quelle différence entre aimer un camembert et aimer Dieu, n’est-ce pas ? Le mot est le même, mais la valeur que nous lui attribuons est souvent différente, du moins je l’espère.

Regardez la vision qu’ont les gens de l’amour. Un soir à la télé, il y avait un débat sur le végétarisme. Une dame qui faisait de l’élevage, disait à une autre dame, qui elle était végétarienne : "moi, madame, j’aime mes animaux, je m’occupe d’eux, je leur donne à manger, je les soigne" et la dame végétarienne lui a répondu : "oui, mais après, vous les mangez..." là, il y eu un grand silence, comme si une lumière était venue percuter la conscience de l’assemblée, mais aussitôt le présentateur à repris la parole pour dissiper ce malaise... En effet, comment pouvons-nous dire "j'aime" et ensuite manger l'être soi-disant aimé.

- Une autre incohérence du même style. Combien de gens militent contre la tauromachie mais mangent veaux, vaches, cochons, volailles... Nous sommes contre quelques taureaux qui meurent dans des arènes, (je suis contre aussi), nous faisons des actions, pétitions, mais ceux qui meurent par milliards, non je n'exagère pas, plus de 20 milliards d'animaux sont abattus chaque année dans nos abattoirs, ceux-là ne nous dérangent pas, nous n'en parlons jamais. Nous contentons un plaisir en nous et cela justifie l'holocauste que vivent les animaux. J'ai lu des pétitions où les gens s'exprimaient de façons très virulentes envers ceux qui  faisaient des corridas. Ils les traitaient d'inconscients, de monstres et trouvaient leurs pratiques odieuses et écœurantes… Pourtant, ils sont comme ceux qu'ils critiquent, deux fois par jour ils mettent dans leurs assiettes des cadavres d'animaux, morts dans d'atroces souffrances et non pas la conscience assez éveillée pour s'en rendre compte.

- Oui, nous aimons, mais comment ? Difficile de nous comprendre quand la langue nous limite à ce point. Nous avons trop peu de mots pour exprimer ce que nous ressentons. Ne sommes-nous pas comme cette dame ? N’avons nous jamais aimé éperdument un être, comme si notre vie dépendait de lui et quelques temps après, quitter cette même personne pour une autre et bien souvent dans des disputes et des querelles inutiles.

L'être humain est en perpétuelle évolution et nous sommes au stade ou nous ne connaissons de l’amour que ses premiers degrés. Les premiers degrés de l’amour, c’est attraper ce que nous désirons et le manger. Vous pensez que j'exagère, malheureusement non. Si nous avons le courage de regarder au plus profond de notre être quelles sont les motivations réelles de nos désirs, nous constaterons que c'est toujours pour satisfaire notre égo, notre personnalité, sans jamais prendre l'autre en considération.

Vous voulez un exemple ? Prenez un homme qui "tombe amoureux" d'une femme. Il va essayer de la séduire avec tous les moyens qu'il possède. Son humour, son intelligence, sa gentillesse… S'il en a les moyens, il lui offrira des cadeaux, des voyages, des bijoux… il va utiliser des vêtements de marque, parfums, voitures… Mais malgré les apparences, a t-il réellement pensé une seule seconde à elle? S'est-il demandé ce qu'elle souhaitait réellement ? Peut-être ne veut-elle que son amitié ? Mais lui utilise tous les subterfuges pour la faire "tomber" amoureuse sans se préoccuper de ses sentiments. Il se dit qu'une bonne pub et hop voilà, il saura la rendre heureuse… "Un bel emballage accélère la vente".

Malheureusement, trois mariages sur quatre finissent par des divorces et c'est bien là la preuve qu'il y a une mauvaise connaissance de l'amour. Quand deux êtres s'aiment et non pas quand ils croient s'aimer, rien ne peut les séparer. Nous parlerons plus en détail de cet Amour avec un grand A dans les prochains chapitres.

L’amour d’une mère pour son enfant est un degré supérieur de l'amour ordinaire. Elle pense à lui, elle lui pardonne tout, elle se lève vingt fois la nuit s’il est malade, elle ressent ce qui se passe dans son enfant. Elle est prête à tous les sacrifices.

Ceux que l’église a appelé des "saints", ce sont certainement des êtres qui ont réussi à élargir l'amour de la mère à tous les humains. L’amour c’est donner et non prendre. L’amour c’est un don et non se rassasier de l’autre.

Tant que nous n’aurons pas une vision plus large de l’amour, tant que nous ne comprendrons pas l’amour à un degré supérieur, nous n’avancerons pas, nous ne progresserons pas et la société n'ira pas mieux. Il faut être pleinement conscient de cette vérité. Seul l’amour peut contre-balancer les excès de notre cerveau. Ce cerveau toujours prêt à couper un cheveux en quatre et qui arrive à nous faire croire que tout ce que nous faisons est justifié, que jamais rien n'est de notre faute. C'est toujours la faute de l'autre, du politique, du voisin ou la faute à pas de chance ou encore mieux, la faute au "bon Dieu".

- Parlons de la déclaration des droits de l’homme. Je n’ai jamais entendu quelqu’un choqué par cette déclaration.

Prenons l’article 4 : La liberté consiste à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à autrui : ainsi, l'exercice des droits naturels de chaque homme n'a de bornes que celles qui assurent aux autres Membres de la Société la jouissance de ces mêmes droits.

Et bien voyez-vous, quand 1% de la population détient plus de 50% de la richesse mondiale, cela me fait hurler. Qui a prit ma part ? (je plaisante) Qui a prit la part de tous ceux qui meurent de faim, et qui n’ont pas de toit. Qui s'approprie toutes ces richesses aux détriments des autres ? Comment se fait-il, à ma connaissance, qu'aucun philosophe, qu'aucun penseur, n'ait relevé cette énorme incohérence, cet énorme dysfonctionnement. Peut-être a-t-on peur qu'il faille partager nos biens. N'ayez pas peur, il y en aurait largement pour tous, si quelques milliers d'hommes ne voulaient pas engloutir la terre et bientôt les autres planètes. Savez-vous que l'égo est insatiable, un vrai ogre, un vrai despote.

Le Mahatma Gandhi disait : "La planète peut pourvoir aux besoins de tous, mais pas à la cupidité de certains." 

- Pour rester dans le même registre, nos politiciens, nos patrons, nos riches, arrivent à nous faire croire qu'une personne qui empoche des millions d'euros de salaire par an, c'est normal… soit disant parce qu'ils sont plus intelligents et qu'ils créent de la richesse. Quelle honte, quelle injustice et quelle stupidité. Ils exploitent et font croire au bon peuple qu'il est bête et que la seule tâche qu'il est capable d'accomplir, c'est d'aller au fond des mines, mourir en creusant le charbon noir, pour que s'enrichissent et vivent les patrons aux chemises blanches…

C'est comme si les neurones se croyant plus utiles, dénigraient les cellules des intestins et ne leurs permettaient pas de vivre décemment. Et bien, c'est exactement ce qui se passe, l'homme (la société) est entrain de mourir de cette incompréhension. Intelligent est celui qui aime son prochain, intelligent est celui qui sait se mettre au service de ses frères humains pour les aider. Ceux qui exploitent l'homme et ses faiblesses sont des ignorants et des inconscients…

- Nous parlions des millions, que dis-je, des milliards que les gouvernements ont donnés aux banques, alors que cet argent aurait pu sauver des millions d’hommes, de femmes et d'enfants qui meurent de faim (100.000 chaque jour, un enfant meurt toutes les cinq secondes), ne trouvez-vous pas cela révoltant ? Les gouvernements ne sont-ils pas responsables de génocides ? (Pratiquement tout le monde est d’accord) Et nous, en n'élevant pas nos voix contre ces injustices, ne sommes nous pas complices de ces derniers ? (là, plus personne n'est d'accord avec moi). Vous voyez, nous nous cachons derrière "je n'y peux rien, ce n'est pas ma faute, ce n'est pas moi tout seul qui pourrait changer quelque chose…".
Hundertwasser disait : "Lorsqu'un seul homme rêve, ce n'est qu'un rêve. Mais si beaucoup d'hommes rêvent ensemble, c'est le début d'une nouvelle réalité."

- Lorsque nous donnons à des œuvres caritatives, n’y a t-il pas une partie de nous qui est fière et satisfaite ? Pourquoi pas! mais si nous osons regarder au plus profond de nous même, ne risquons nous pas d’y trouver une action qui soulage notre conscience et nous empêche d’aller plus loin. Juste à côté de nous, au travail, dans la rue, même dans notre propre famille, quelqu’un attend seulement un regard, un mot, un sourire que nous sommes incapable de donner. Toujours cette même générosité envers nous-même. Toujours cet égo qui se nourrit même de nos bonnes actions.

- Nous sommes souvent entrain de dire, quel abruti celui-là, (en parlant d’un homme politique par exemple) Moi, à sa place... Et oui, nous, nous avons la connaissance, l’instruction, les compétences pour sortir les Français du chômage, pour résoudre les conflits d'intérêts entre nations... Vous voulez que je vous dise, leurs places, nous ne les prendrions pas et cela est préférable, car nous ferions certainement pire qu’eux. Alors pourquoi sommes nous toujours enclin à critiquer ?

- Regarde celui-là ou celle-là, quelle gueule elle a. Regardez comment elle s'est accoutrée... Bien entendu, nous, nous avons les critères de la beauté pour énoncer de telles vérités. À mon avis, nous ne devons pas nous regarder correctement dans le miroir le matin.

- Nous parlons de la liberté, nous combattons et nous mourrons pour elle, sans savoir ce qu'elle est. Nous sommes emprisonnés par nos peurs, nos passions, nos besoins, nos idées et nous ne nous en rendons même pas compte. Quelle inconscience! La liberté n'est pas la possibilité de faire ce que l'on veut. La liberté n'est pas seulement une liberté de choix. Vous ne pourrez jamais obtenir la liberté, tant que vous n'avez pas la connaissance. Dans toutes les traditions, la liberté est intimement liée à la connaissance. Si je ne sais pas quel est le bon choix, le choix juste, alors je commettrai inévitablement des erreurs qui me conduiront à devoir réparer, payer les dégâts commis.

L'homme n'aime pas encore la liberté. Cela viendra, mais pour le moment, il préfère la sécurité. Sécurité de l'emploi, sécurité sociale, avoir son chez soi, son toit, de quoi manger... sans se rendre compte, que tout ces besoins le rendent esclave. Je ne dis pas qu'il ne faut pas avoir une maison, une famille ou la sécurité sociale. Je m'explique. Si notre but est l'argent par exemple, alors nous devenons esclave de l'argent. Par contre, si nous avons de l'argent dans notre poche, c'est bien. Comprenez-vous la différence ? Il faut avoir de l'argent, mais dans sa poche, pas dans sa tête. Comme moyen et non comme but.

Benjamin Franklin a dit : "Un peuple prêt à sacrifier un peu de liberté pour un peu de sécurité ne mérite ni l'une ni l'autre, et finit par perdre les deux". Ça parait dur n’est-ce pas ? Mais c’est tellement vrai.

- Nous disons aimez nos enfants, nous voulons ce qu'il y a de mieux pour eux, mais ne nous débarrassons nous pas un peu vite de leur éducation et même de leur instruction. Ne les envoyons nous pas à l'école sans avoir pris la peine de réfléchir à ce qui y est dispensé. Ne considérons nous pas l'école comme une garderie gratuite ? Il n’y a qu’à voir lorsque les profs font grèves ce qui nous préoccupe le plus… On me répondra : Oui, mais nous devons travailler, sinon nous ne nous en sortons pas et si nous travaillons, comment peut-on garder nos enfants chéris… C'est vrai, mais ce sont là encore des excuses. Nous préférons rester dans ce schéma bien établi, métro, boulot dodo, plutôt que de réfléchir à de nouvelles façons de fonctionner.

- 2863 morts dans les tours du world trade center. Des centaines de millions de sans abris, des centaines de millions meurent de faim et pourtant c’est contre le terrorisme que le monde s’unit !!!  Bande d'hypocrites que nous sommes (manipulés me parait encore plus juste). Nous avons autant de chances d'être touché par une attaque terroriste que de gagner la super cagnotte à l'Euromillion. Nous sommes des aveugles, ce qui fait de nous des moutons que les politiques, les banquiers, les médias et toutes les grandes multinationales manipulent et tondent à leur grès.

- Voyez-vous, à longueur de journée, nous parlons d'amour, de fraternité, d'égalité, de liberté, sans jamais avoir réfléchi à la signification de ces mots. Sans avoir fait abstraction de notre éducation et de notre instruction. Sans faire abstraction du pays, de la race, dans lesquels nous sommes nés. J'ai entendu un juif à la télé qui disait tout le mal qu'il pensait des arabes. Ce même être humain, s'il était né chez des parents arabes, serait musulman et dirait autant de mal, mais cette fois-ci des juifs. Alors ou est la vérité et comment se comprendre si nous restons avec nos anciennes conceptions ?

- En fait, la plupart des gens n'ont jamais pris le temps de réfléchir si tout ce que l'on nous a enseigné est juste et véridique. On nous a appris depuis notre enfance par exemple, à manger des animaux. Est-ce normal ? Est-ce indispensable à notre survie ? Et bien je ne le pense pas. Des millions de gens sont végétariens et ils s'en portent très bien. Ils ne soufrent d'aucun manque et se portent souvent mieux que beaucoup de carnivores. Aucun médecin ne peut justifier aujourd'hui qu'il est indispensable de manger de la viande. Alors pourquoi des milliards d'animaux sont abattus chaque année dans nos abattoirs. Parce que j'aime la viande, répondront certains. Est-ce que parce que j'aime (vous voyez, on tue, on mange et on dit j'aime) cela justifie de tuer ?

Même les religieux mangent de la viande. Pourtant Dieu dit dans la genèse : "Voici, je vous donne toute herbe portant de la semence et qui est à la surface de toute la terre, et tout arbre ayant en lui du fruit d'arbre et portant de la semence: ce sera votre nourriture". Est-ce que l'on prend dans la bible que ce qui nous arrange ? Comment un homme de Dieu ne peut-il suivre ces commandements si simple ? Comment peut-on prêcher l'amour du Christ, l'amour de Dieu et tuer ? Je ne peux comprendre que si je me dis que nous dormons, que notre conscience n'est pas éveillée.

Si dans notre tradition, notre culture, on nous avait appris à amener nos parents en haut d'une montagne pour finir leurs jours car ils ne sont plus productifs pour la société et bien nous le ferions, car nous sommes encore assujettis au poids de la tradition. Est-ce que ce serait juste ? Au fond de notre être, nous savons bien que non, mais nous le ferions.

- Je finirais sur une incohérence qui devrait elle, nous sauter aux yeux car elle implique moins nos émotions et plus notre raisonnement, mais là aussi c'est le brouillard complet. Je disais en introduction que nous consommons plus que ce que la terre est capable de fournir en matières premières. Hors, tous nos politiciens et nos économistes n'ont de cesse de nous pousser à la consommation pour relancer l'économie. À qui profite le crime et surtout, qu'allons-nous laisser à nos enfants ???

Comprenez moi bien. Je ne suis pas là pour juger, je ne me le permettrais pas. J'ai pleinement conscience que je suis moi-même plein d'incohérences. Ce que je dis à vous lecteurs, je me le suis dit et enfoncé dans le crâne avant. J'essaie simplement de mettre certaines de ces incohérences en lumière, ce qui devrait, si nous sommes honnêtes, nous faire réfléchir et surtout nous rendre plus humble. Peut-être même, nous remettre en question et c'est là le seul but de mes propos.

Il nous faut réfléchir et faire le tri dans ce que nous ont légué nos ancêtres comme éducation, coutumes ou traditions. Certaines traditions étaient certainement bonnes il y a deux ou trois cents ans, mais aujourd'hui sont-elles toujours d'actualités ?

Si nous avions suivi certaines pensées très en vogue il y a peu de temps, la femme n'aurait toujours pas d'âme, serait esclave de son mari, ne pourrait même pas ouvrir un compte en banque sans son autorisation et ne pourrait toujours pas voter. Nous trouverions normal d'avoir des esclaves et d'avoir droit de vie et de mort sur eux.

Je pourrais continuer encore longtemps, tellement notre vie est pleine d'incohérences et de contradictions, mais passons si vous le voulez bien au chapitre suivant.

Nos incohérences