Nature et structure de l'être humain

  1. I.Notion de tri

Pour avancer, progresser et se perfectionner, quelque soit le métier que nous faisons, il nous faut connaître parfaitement l'instrument avec lequel nous travaillons. Ici, l'instrument, c'est nous.

J'aborderai donc quelques notions simples de l'être humain, tel qu'il a été construit par l'intelligence de la nature. Là encore, je n'invente rien et ne fait qu'expliquer avec mes mots ce que j'ai appris au cours de ma vie. Vous verrez que tout est très clair et difficilement réfutable.

Partons de ce que nous savons. Pour avoir un corps en bonne santé, il faut lui donner une nourriture la plus saine possible. Pour cela, dans tout ce que nous mangeons, il nous faut faire un tri. Même si c'est un fruit, nous le choisissons beau, mûr, parfumé et ensuite nous enlevons la peau, pépins ou noyau. Pour le corps physique nous le comprenons relativement bien. Enfin, plus ou moins, car lorsque je vois ce que les gens mangent, il n'est pas étonnant de voir de plus en plus d'obèses et de maladies de toutes sortes dans le monde. Bref, disons que nous commençons à comprendre au moins intellectuellement.

Mais l'homme n'a pas qu'un corps physique. L'homme pense et ressent. Il a un intellect et un cœur. Et bien pour avoir un système nerveux équilibré et performant, il faut donner à notre intellect, comme nous le faisons pour notre corps physique, une nourriture saine. L'intellect se nourrit de pensées, qui sont sa nourriture. Nous devons donc veiller à lui donner les meilleures pensées. Lorsque nous sommes plongés dans des livres ou des films de séries noires, où meurtres, crimes, viols, guerres, se côtoient, nous ne donnons à notre intellect que des déchets. Il en est de même lorsque nous critiquons, calomnions, médisons...

L'homme a aussi un cœur et le cœur ne se nourrit pas de pensées ni de viande, mais de sentiments. Si vous acceptez comme nourriture pour votre cœur des sentiments négatifs tels que la colère, la haine, la jalousie, la luxure, la violence… il est évident qu'un jour ou l'autre vous vous sentirez triste, malheureux, abandonné de tous et déprimés. Pourquoi ? Parce que ces sentiments, comme les pensées pour l'intellect et les aliments pour notre estomac, créent des déchets que nous n’arrivons pas à éliminer. Parce que notre cerveau et notre cœur ne sont pas construit pour ce genre de nourriture. Comment vous sentez vous lorsque vous avez eu une grosse colère ? Exactement comme lorsque vous avez mangé un aliment avarié, affaiblis, et vidés. Beaucoup de médecins parlent aujourd’hui de maladies psychosomatiques.

Nous faisons un tri pour la nourriture physique, mais pas pour les pensées ni les sentiments, bizarre…

Je suis stupéfait, que nous soyons étonnés qu'il y ait de plus en plus de maladies nerveuses et de dépressifs. C'est incroyable n'est ce pas ? On vit n'importe comment, on se nourrit n'importe comment dans les trois plans et on pense que tout ira bien. On répète inlassablement les mêmes erreurs en espérant avoir des résultats différents. C'est cela, que j'appelle le comble de la bêtise.

"Dieu rit des gens qui déplorent les effets dont ils chérissent les causes".

Il est regrettable que nous n'apprenions pas ces vérités, dès notre plus jeune âge. Tout ce qui est le plus important, tout ce qui est essentiel, ne nous est pas enseigné. On ne nous apprend pas la différence entre l'amour et la sexualité. On ne nous apprend pas ce que sont les pensées, les sentiments, comment ils agissent sur notre psychisme et sur notre organisme. Quels sont leurs poids et leurs puissances. Vous croyez qu'une pensée ou un sentiment n'a pas de poids! Une pensée peut vous écraser et même vous broyer, mais elle peut aussi vous donner des ailes pour renouveler le monde.

Chaque pensée, chaque sentiment, entraine une réaction physique, chimique dans notre corps. Voulez-vous faire une expérience ? Prenez quelques secondes, asseyez-vous tranquillement, fermez les yeux et imaginez-vous un citron à la main. Prenez un couteau, coupez-le doucement en deux, ensuite, portez cette moitié de citron bien juteux à votre bouche et mordez à pleine dents. Que ressentez-vous ? Vos glandes salivaires instantanément se mettent à sécréter n'est-ce pas ? Continuez l'expérience, mais cette fois-ci, pensez à votre ami(e), votre première rencontre, vos premiers échanges amoureux. Que se passe t-il ? Quels sont les organes qui se mettent en marche ? Pas vos glandes salivaires n'est-ce pas?... mais votre sexe, des millions de cellules sont activées. Pourtant vous n'avez fait que vous servir de votre imagination. Comprenez bien cela. Le cerveau ne fait pas la différence entre le réel et l'imaginaire. Alors que vous n'avez rien touché, ni même rien vu, combien de processus se sont mis en marche à votre insu.

Je le répète, chaque pensée, chaque sentiment a un effet différent sur notre organisme physique et psychique. La colère n'agit pas comme la jalousie. La peur n'agit pas comme la confiance, la haine n'agit pas comme l'amour... Il nous faut donc apprendre à trouver la meilleure nourriture pour nos corps physique, émotionnel et mental, afin d'avoir un organisme physique et psychique bien-portant et performant. Il ne viendrait à l'idée de personne de mettre de la mauvaise huile dans sa voiture, alors pourquoi nous le permettons-nous avec nos corps ?

II. La conscience

Une autre caractéristique fondamentale de l'être humain, est la conscience. Tous les grands sages, de l'antiquité à aujourd'hui, n'ont enseigné qu'une seule chose, l'élargissement de la conscience. Les méthodes sont multiples, mais toutes convergent vers un seul et même but, l'élargissement de la conscience. Sans conscience nous serions des pierres.

La conscience est cette chose qui permet à l'homme de se regarder. Elle lui permet de peser les conséquences de ses actes sur sa vie et son environnement. Celle-ci se développe et s'épanouit au fil des siècles et des millénaires, mais nous pouvons aussi constater son développement sur une vie, de l'enfance à l'âge adulte.

Prenons l'enfant qui vient de naître. Il n'a qu'une vision très étroite. Maman, papa et peut-être le petit frère ou la petite sœur. En grandissant, il va à l'école, sa conscience s'élargie un peu avec les copains, la maîtresse et les jouets qu'il possède. Quelques années de plus et se rajoute les copines. Ensuite il commence à prendre conscience de la société dans laquelle il vit. Il commence à penser au travail à ce qu'il va faire plus tard, au mariage. Viennent les enfants qui lui permettent d'élargir d'avantage son champ de conscience et de commencer à penser à autres choses que lui même. Beaucoup s'arrêtent là, à la petite famille. Une minorité  commence à penser à son prochain, à la nature, aux animaux. Quand je dis penser, c'est faux ou incomplet. Beaucoup pensent, mais ne ressentent pas. Il faut ressentir et ressentir sait, comment dire, entrer en relation, en vibration, en union, avec les différents règnes de la nature. Si je pense à lui, un animal par exemple, je peux le tuer et le manger. Si je ressens ce qu'il est, son être profond, son rôle dans la nature, bien évidemment il ne me viendra même pas à l'idée de lui nuire.

Pour la plupart d'entre nous (99,99% de l'humanité), nous n'avons développé à ce jour qu'une conscience embryonnaire. Nous sommes comme l'enfant qui lorsqu'il veut un jouet est prêt à tous les caprices et même frapper son petit frère ou sa petite sœur sur la tête pour l'obtenir. Bien sûr, dès qu'il a obtenu le jouet tant convoité, il le casse et en redemande un autre avec autant d'insistance.

Ce qui entrave notre évolution, c'est l'identification à notre égo, à ce que nous croyons être nous.

La plus grande découverte que nous puissions faire durant ce nouveau millénaire, c'est la découverte du "Je" véritable. Mais aussi de découvrir les mécanismes de ce petit "je" auquel, encore une fois, nous sommes identifiés. Je citerais un passage d'Eckhart Tolle qui résume admirablement la construction du "je".

"Quand un jeune enfant apprend qu'une séquence de sons émise par les cordes vocales de ses parents est son nom, il commence à assimiler le mot - devenu une pensée dans son esprit - à ce qu'il est. À ce stade, certains enfants parlent d'eux-mêmes à la troisième personne: "Jean a faim." Pas longtemps après, les enfants apprennent le mot magique "je" et l'assimilent à leur nom, qu'ils ont déjà assimilé à qui ils sont. Puis arrivent d'autres pensées qui fusionnent avec la pensée "je" originale. Au stade suivant, ce sont les pensées "moi" et "mien" qui désignent des choses et font en quelque sorte partie du "je". Il s'agit d'une identification aux objets : on attribue aux objets (en fait aux pensées qui représentent ces objets) un certain sens de soi et on en tire ainsi une impression d'identité. Alors, lorsque "mon" jouet se casse ou qu'on me le prend, il en résulte une grande souffrance. Non pas en raison de la valeur intrinsèque du jouet, mais à cause de la pensée "mon". Le jouet fait partie du sens du moi, du je, que l'enfant développe. Il faut préciser ici que l'enfant perdra rapidement intérêt pour le jouet en question, qu'il remplacera par d'autres.

Ainsi, à mesure que l'enfant grandit, la pensée d'origine je" attire d'autres pensées : elle s'identifie à un genre, à des possessions, à un corps, à une nationalité, une race, une religion, une profession. Le "je" s'identifie à d'autres choses, entre autres à des rôles (celui de mère, de père, de mari, de femme, etc.), à des connaissances ou des opinions, à des goûts et à tout ce qui est arrivé au "moi" par le passé, ces souvenirs étant des pensées qui définissent encore plus le sens du moi avec le concept de "moi et mon histoire". Ceci n'est qu'un aperçu des choses à partir desquelles les gens tirent le sens de leur identité. Il ne s'agit en fin de compte de rien d'autre que de pensées maintenues ensemble de façon précaire par le fait qu'on leur attribue une partie de notre identité. Cette construction mentale est ce à quoi vous faites normalement référence quand vous dites ou pensez "je". Pour être plus précis, la plupart du temps ce n'est pas vous qui parlez quand vous dites ou pensez "je", c'est un aspect de cette construction mentale, de ce moi-ego. Quand vous avez atteint l'éveil, vous utilisez encore le terme "je", mais il provient d'un espace beaucoup plus profond en vous.

La plupart des gens sont encore totalement identifiés au flot incessant des pensées compulsives, la plupart étant répétitives et vaines. Chez eux, il n'existe pas de "je" en dehors du processus "pensée" et des émotions l'accompagnant. C'est ce qu'on appelle l'inconscience spirituelle. Quand on leur dit qu'une voix dans leur tête n'arrête jamais de parler, ils vous disent: "Quelle voix?" ou nient avec colère. Évidemment, ceci est encore la voix, le penseur, le mental non observé. On pourrait presque considérer cette voix comme une entité qui a pris possession d'eux.

Certains n'oublient jamais la première fois où ils se sont désidentifiés de leurs pensées et ont brièvement fait l'expérience du basculement de l'identité. Au lieu de se sentir identifiés au contenu de leur mental, ils sont devenus la présence qui se trouve à l'arrière-plan et qui observe..."

Je suis sûr qu'un jour, j'espère pas si lointain, quand l'amour se sera développé et notre conscience assez élargie pour entrevoir notre essence véritable, nous serons capable de sentir en nous, le bien comme le mal que l'on fait aux autres, le plus souvent sans même s'en rendre compte. Alors, tout naturellement, par empathie, nous ne ferons aux autres que ce que nous aimerions qu'ils nous fassent.

Utopique, direz-vous ? Pas du tout. Je regarde l'histoire et je constate que depuis l'homme de Cro-Magnon il y a eu quelques petites avancées. L'homme a développé son cerveau bien sûr, mais aussi une sensibilité, une finesse... une conscience encore inconnue il y a peu. Je parle pour la masse d'entre-nous, car il y a toujours eu depuis la nuit des temps des êtres exceptionnels qui nous ont montré leurs grandeurs d'âmes et le chemin à suivre.

Retenez bien ceci. Je sais que ce sont des notions très difficiles à comprendre et surtout à accepter. Mais si vous pensez que votre nature profonde, votre moi véritable est cette somme de "Je suis le fils de mon père et de ma mère, je suis un homme de race blanche, mon nom est monsieur Dupont, je suis né dans telle région, de tel pays, je suis de famille catholique, j'adhère à tel parti politique, j'aime le jeu, les femmes, le vin, les voitures, faire du cheval... je suis honnête, intelligent, coléreux... je suis employé dans une banque, je suis marié et père de deux beaux enfants etc. etc. etc". et bien vous vous trompez. Tout ceci est faux, tout ceci n'est qu'illusion, où qu'une infime partie de la réalité. Votre vrai moi n'est pas cette somme de qualités ou de défauts, de possessions et de rôle.

Votre vrai moi est la vie infinie qui inonde l'univers et les étoiles. Nous n'avons que cette vérité à découvrir et toutes les guerres, les dissensions et les conflits s'arrêteront d'eux-mêmes. Apprenons simplement à nous désidentifier de nos pensées, de notre égo et nous verrons enfin la vie d'un œil nouveau.

Marcel Proust le disait ainsi : "Le véritable voyage de découverte ne consiste pas à chercher de nouveaux paysages, mais à avoir de nouveaux yeux."

                                  

Prenez tous les grands êtres qui ont fondé nos civilisations. Ils ont donné leur vie pour le bien de l'humanité. Ils ont donné des preuves de leur grandeur, de leur noblesse, de leur générosité. Ils nous ont laissé la trace de ces vérités dans leur enseignement. Au temps de la grande Grèce, sur le fronton du temple de Delphes, il était écrit : "Connais toi toi-même, et tu connaîtras l'univers". Qui était ce "toi-même"? Pourquoi répéter "toi-même". Il suffisait de dire : "Connais-toi, et tu connaîtras l'univers". Connaitre notre petit "je", connaître notre égo, nous permettrait de connaitre l'univers ? Stupide, n'est-ce pas?

En Inde, il y a une formule que le yogi récite pour l'aider à atteindre l'éveil : "moi, c'est Lui". Qui est ce "Lui" ? À qui veut-il s'identifier?

Jésus à dit : "Mon Père et moi, nous sommes Un". Il a simplement ajouté quelques mots pour que ce soit plus compréhensible. Il aurait pu dire : "moi, c'est Lui", "Moi, Jésus, je suis identifié à Lui, mon Père", ou mon "Moi Supérieur", ou "l'intelligence cosmique". Ne voyez-vous pas énoncé de façon différente, la même vérité. La conscience de ces êtres exceptionnels avaient retrouvé leur patrie, leur conscience avait fusionné avec le grand Tout.

Pourquoi appelle t-on Bouddha "l'éveillé". Pourquoi dans la bible, il est dit : "Vous êtes des Dieux". Oui, nous sommes des Dieux, mais ce petit moi, ici sur terre, n'en a pas encore conscience, il n'est pas encore "éveillé".

Et pour finir ce chapitre, voici deux pensées qui corroborent ces propos. Une d’un grand Sage, l'autre d'un grand scientifique.

"Il est dit dans la Genèse que l’homme a été créé à l’image de Dieu." Cela signifie qu’il est habité par une âme supérieure qui touche le Ciel, une âme qui est une émanation de Dieu Lui-même. C’est pourquoi son existence ne prend réellement un sens que lorsqu’il entre en contact avec cette âme immortelle qui est lumière, harmonie et puissance.

C’est à travers votre âme supérieure que vous pouvez communier avec le Créateur en même temps qu’avec l’univers qu’Il a créé, car cette âme est elle-même une quintessence de l’univers. Et si vous pensez à elle, si vous avez plus souvent recours à elle, si vous vous liez à elle, si vous lui parlez et vous identifiez à elle, vous commencez à comprendre ce qu’est votre Moi véritable. Alors, votre conscience s’élève, ses vibrations deviennent plus intenses, jusqu’au jour où elle se fondra dans la conscience de cette Âme sublime, et vous ne ferez plus qu’un avec Dieu."

                                                                         Omraam Mikhaël Aïvanhov


"Un être humain fait partie d'un tout, que nous appelons " Univers ", une partie limitée dans le temps et l'espace. Il expérimente lui-même, ses pensées et ses sentiments comme étant séparés du reste, une sorte de tromperie optique de sa conscience. Cette tromperie est une sorte de prison pour nous, nous limitant à nos désirs personnels et à l'affection pour quelques personnes les plus proches de nous. Notre tâche doit être de nous libérer de cette prison en élargissant notre cercle de compassion pour englober toutes les créatures vivantes et l'ensemble de la nature dans toute sa splendeur. Personne n'est capable de réaliser cela complètement, mais les efforts en vue de réaliser cela constituent eux-mêmes une partie de la libération et le fondement de la sécurité intérieure. "


                                                                              Einstein   

                                                                                                                                                          

Bien sur, il y a des étapes pour arriver à cette identification. Mais si le chemin est jalonné de difficultés il est aussi rempli de découvertes et de joies intenses.


Définir la conscience

Si nous arrivons à comprendre ce qu'est la conscience et comment nous pouvons influer sur elle et la contrôler, nous arriverons enfin à connaitre le Bonheur et la Paix. Cette compréhension est essentielle, je m'aiderai donc de ceux qui ont réussi à percer ces mystères.


Dans le tome XVII des œuvres complètes "Connais-toi toi-même" Jnani Yoga, Omraam Mikhaël Aïvanhov donne une image qui va nous permettre  de mieux appréhender cette notion abstraite qu'est la conscience. Il dit, qu'elle est un écran (comme un écran de cinéma) sur lequel vient se refléter des forces de toutes natures pour dire leur mot. Qu'est ce que ça veut dire ? Tout ce dont j'ai conscience ne serait que des images projetées sur un écran ? Mais alors, moi, où suis-je ? Quelles sont ces forces qui viennent se refléter sur cet écran ?  Nous allons voir tout ceci, point par point.

Dans un premier temps, pour bien comprendre, nous parlerons des forces que nous connaissons le mieux. L'estomac, le sexe, le cœur, l'intellect… entre-autres, sont des organes qui ne cessent d'envoyer à notre conscience leurs représentants qui font chacun des réclamations différentes.

Je vous donne un exemple. Vous décidez de faire un régime, vous êtes plein de bonnes résolutions car vous vous sentez un peu enrobé et l'été approche. Les heures passent, vient l'heure du repas, vous êtes toujours décidé à ne manger qu'une salade, mais voilà que des pensées, tout d'abord en arrière plan, presque inconscientes, vous chuchotent que vous avez beaucoup travaillé, qu'il va vous falloir des forces pour continuer ce travail "fastidieux et arasant" et que si vous ne mangez pas, vous n'aurez pas les forces nécessaires. Mangez ce qui vous fait plaisir, après tout, avec votre activité physique, vous allez tout éliminer et puis c'est si bon de se faire plaisir, la vie est si courte etc. etc. Ce sont là, des revendications de votre estomac qui vont se faire de plus en plus persistantes jusqu'à ce que vous cédiez ou jusqu'à ce que vous lui imposiez votre volonté.

Prenez un fumeur. Ils vous disent tous que le jour où ils le décideront, ils pourront s'arrêter de fumer. S'ils en avaient conscience, ils s'apercevraient que ce n'est pas eux qui décident. Ils ne sont que les esclaves d'un besoin, d'une habitude et d'ailleurs ils s'en rendent comptent le jour où ils prennent la décision d'arrêter. Combien de luttes et de souffrances, combien de conflits et de déceptions.

Vous voulez un exemple avec les revendications du sexe ? Non, ce n'est pas la peine… Vous avez pratiquement tous eu des expériences douloureuses à cause des folies que quelques cellules nous poussent à faire.

Il y a donc vous, qui prenez une décision et une autre force qui elle, souhaite autre chose. Vous me direz, mais celui qui prend la décision de faire un régime et mon estomac, c'est moi. Oui, nous pouvons dire que c'est nous, il n'en reste pas moins, qu'il y a bien division, il y a bien deux décisions différentes. Une, qui veut faire un régime et l'autre qui ne veut pas.

Nous devons prendre conscience qu'en nous, opère une multitude de forces, de courants d'énergie, qui chacune nous pousse dans une direction déterminée par elle, par leurs besoins.

Aurobindo dans "L'aventure de la conscience" explique que tant que l'homme se laisse aller à ses désirs, ses envies, ses besoins, il ne se rend pas compte qu'il est emporté par le courant de la vie. Il pense être le maître et pouvoir faire ce que bon lui semble. Mais le jour où il souhaite aller à contre courant, le jour où il décide de le remonter, de ne plus obéir à ses pulsions, alors il s'aperçoit des forces puissantes qui le poussent, le dirigent et qu'il n'est pas du tout le maître de la situation.

Une histoire raconte qu'une taupe, un aigle, une écrevisse et un poisson, voulant faire oeuvre fraternelle, s'associent pour déplacer un fardeau. Mais la taupe cherche à entrer sous terre, l'écrevisse rampe sur le sol. L'aigle veut s'envoler dans les airs et le poisson plonger sous l'eau. Toutes ces contradictions font que le fardeau reste sur place.

Il en est de même pour l'homme. Son estomac le tire dans une direction, le sexe dans une deuxième, le cœur dans une troisième, le cerveau dans une quatrième… et à la fin de sa vie, il n'a pratiquement pas bougé de place, c'est à dire, pas évolué.

Revenons à la conscience. Tout ce dont nous avons conscience, ne sont que des forces, nous pourrions presque dire des entités, qui projettent leurs désirs sur cet écran qu’est la conscience. Nous avons parlé de la volonté des organes et de leurs représentants dans le cerveau, mais ils ne sont pas les seuls à projeter leur volonté. Les amis, les ennemis, les médias, les hommes politiques, la nature entière projettent sur notre écran leur volonté et non de cesse de nous influencer.

Pourtant, si nous arrivions à nous développer, à prendre le recul nécessaire comme le spectateur d'un film, nous pourrions petit à petit discerner ces forces qui nous influencent à longueur de journée.

Omraam Mikhaël Aïvanhov nous explique que la conscience  n'existe que comme une conséquence de tout ce qui se passe dans l'être humain. "De même que l'on ne peut rien faire sur l'écran si l'on n'a pas de film, de même on a besoin d'un intermédiaire pour toucher la conscience. C'est donc sur le film qu'il faut agir, c'est à dire sur notre propre vie puisque c'est elle qui se projette sur l'écran de la conscience. La conscience se manifeste au niveau du cerveau, mais elle est le résultat du fonctionnement de toutes les cellules; donc, c'est sur les cellules qu'il faut agir pour changer la conscience et non sur l'écran qui lui, ne peut rien.

Par la nutrition, la respiration, par des méditations, par certains sentiments et pensées, l'homme peut agir sur les cellules de son organisme dont l'état se reflète ensuite sur la conscience. Réciproquement, les images de cet écran qu'est la conscience peuvent agir sur l'homme, qui est donc à la fois l'écran et le film qui se projette sur l'écran.

L'être nouveau est celui qui a compris que les intérêts de tous ses différents organes doivent converger dans l'intérêt de l'être tout entier, alors il s'impose à tous ces représentants et c'est ainsi que sa conscience devient superconscience."

Plus nous serons capable de prendre du recul et observer ce qui est projeté sur notre écran, plus ces énergies, ces forces, ces désirs, révéleront leurs intentions et nous pourrons en toute conscience, accepter leurs revendications ou au contraire imposer notre volonté, jusqu'à devenir libre et indépendant. Alors nous sentirons notre conscience s'éclaircir et s'élargir.

Si nous comprenons ces quelques vérités, nous deviendront les acteurs et les spectateurs de notre propre film. Nous ne pouvons empêcher toutes ces forces d'être ce qu'elles sont, mais nous pouvons trier et choisir celles qui feront parties de notre scénario.

Il y a un chapitre du livre Her-Bak poischiche d’Isha Schwaller de Lubicz que j'aimerais vous faire connaître, qui révèle et souligne les quelques paragraphes qui précèdent. Vous verrez, c'est très instructif et très beau.

PHARAON ET SAGE

Sur le flanc oriental de la montagne thébaine, Lui (le Maître) et le compagnon gravissent en silence le sentier caillouteux qui contourne le pied de la Cime. Ralentissant le pas, le Maître met sa main sur l'épaule de son disciple:


Te souviens-tu, mon fils, du double événement dont ce pèlerinage marque l'anniversaire : la première ascension de Pois Chiche vers la Cime, puis la présentation d'Her-Bak (Her-Bak est Pois Chiche devenu disciple) à son Roi ?


Me serait-il possible d'oublier les instants qui ont déterminé mon orientation ? Mais, en les évoquant, j'éprouve quelque gêne à m'en féliciter comme de résolutions méritoires : car, en réalité, qui donc est responsable de cette décision ? Dans ces deux occasions, qui fut maître du choix ? Ta lumière n' a-t-elle pas éclairé mon chemin ? Aurais-je pu m'y dérober ?


J'ai souvent l'impression que ma volonté est un leurre, et que ma décision est une acceptation dont je suis le témoin impuissant.

Le Maître s'arrêta comme sous un choc imprévu:


- Voici enfin une parole qui te donne le droit de parler de conscience ! Toi, Her-Bak, apprécies-tu la valeur d'une telle compréhension?

L'erreur la plus commune aux hommes est de croire à leur liberté. Ils subissent les impulsions, dont ils sont les esclaves aveugles parce qu'il n'y a point en eux de témoin pour le constater.

- Cette constatation n'est pas encourageante, puis-qu'elle nie la valeur de l'effort volontaire !

- Le sujet est trop grave pour jongler avec des paroles; la routine te trompe sur le sens de ces mots : effort et volonté.

Ta volonté n'est pas constante parce qu'elle est loin d'être unique : elle est multiple, comme le sont tes forces animales et les diverses puissances de ton KA inférieur. (Le Ka est l'âme pour les Égyptiens, en fait le corps astral et le corps mental des Indiens).

Chacune de celles-ci est capable d'efforts pour réaliser son but particulier; chacune d'elles obéit à mille contingences dépendant de ton monde intérieur comme des conditions extérieures ! L'animal aussi est capable d'efforts pour réaliser ses envies; tes buts  "intelligents", les volontés "raisonnables" de ton moi, ne sont pas moins relatifs que tes volontés animales. À laquelle de ces volontés donnes-tu la valeur réelle dans ce que tu dénommes "effort volontaire ?


Her-Bak hésita quelque temps, refusant tous les faux fuyants. Il répondit enfin:

- Alors je n'en vois qu'une seule qui mérite ce nom : c'est la volonté de mon KA supérieur, ou de ce qui, en moi, me sert d'aimant pour l'attirer.


Le regard d'Her-Bak supporta sans faiblir le regard ému de son Maître.

- Ta réponse, mon fils, témoigne de la présence de cet aimant, et cet aimant est le témoin dont la présence qualifie ta volonté ! Or si c'est ce témoin qui choisit, si c'est lui qui ordonne, tu peux dire :  "Je fais, je décide, je veux"; sinon tu es poussé, tu exécutes, sans pouvoir discerner l'origine de tes impulsions - personnelles ou étrangères - dont tu te fais inconsciemment le serviteur.


- L'aimant que tu nommes « témoin », c'est mon désir !


- Le mot désir est vague et trop sujet à l'illusion.

Le témoin, en toi, c'est la Conscience générée par un contrôle impitoyable sur tes différents "moi". À proprement parler, c'est l'éveil de la Lumière innée dans laquelle toute impulsion, toute parole, toute action, perdent leur artifice et démasquent nécessairement leur véritable intention.


- Cet éveil est passager : quand la lumière s'obscurcit, on perd - pour quelque temps au moins - son souvenir.

La Lumière ne peut pas s'éteindre, mais l'homme peut dormir et l'ignorer. C'est pourquoi ce "réveil" est le but continu du disciple. Lorsqu'un homme, par quelque choc, est soudain réveillé de sa torpeur, il peut, avant d'y retomber, apercevoir la différence entre l'esclavage de ses multiples volontés anarchiques, et l'intérêt vital de pouvoir, en connaissance de cause, les coordonner.


Et cette lueur de conscience devient, si tu sais par concentration la fixer, l'aimant de ton témoin immortel : ton KA divin. Or ce divin témoin suscitera en toi la nécessité - c'est-à-dire le désir - d'éprouver de plus en plus fréquemment sa présence. Et bienheureux est l'homme qui parvient à faire, de ce désir, sa véritable "volonté" !


Un flot de sang ardent colora le visage du disciple. Ô maître, c'est dans un tel moment que l'on peut mesurer le chemin parcouru. Quelle distance entre l'enthousiasme inconscient du premier voyage à la Cime, et la certitude sereine de ma décision, aujourd'hui !…


Voilà, c'est beau et profond n'est-ce pas ? Relisez ce chapitre sur la conscience jusqu'à ce que tout devienne clair. Qu'est ce que l'écran ? Quelles sont toutes les forces qui peuvent venir se refléter dessus ? Qui sommes nous, puisque nous sommes capable de regarder ce qui est projeté sur l'écran ? Apprenons à faire la différence entre les pulsions, les désirs et le "Je" qui regarde, qui est toujours dans la Paix et qui doit prendre les commandes, si tant soit peu, nous le laissons faire.

Nature et structure de l’être humain